Histoire du bois de placage

   Les premières scies datent de l’antiquité et fonctionnaient à l’énergie hydraulique, pratique dérivée des moulins. Des écrits nous prouvent que des scies de ce type sciaient du marbre dès le début de notre ère.

Croquis de 1661 du traité de mécanique d’Andréas Böckler (Illustration : Estampille N° 110)

Ces machines sont à deux temps: le mouvement circulaire de la roue, créant un mouvement alternatif capable de scier. Il s’y ajoute une avance automatique du bois vers la scie.

 

Dans le recueil des planches de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, du milieu du XVIII° siècle, on trouve les plans et élévations d’un « moulin à planches ».

On peut y remarquer un châssis vertical mobile à sept lames, ainsi qu’un chariot assurant l’avance de la bille à scier. Le tout utilisant la force hydraulique.

Il existait aussi dans le nord de l’Europe des moulins à vent aptes à scier des planches. On peut d’ailleurs en voir une superbe maquette, faite en 1791 par un nommé Bulot, et exposée au Musée des Arts et Métiers.

En 1794, apparition de la première scie circulaire en Angleterre ; ce système fut amélioré par un français vers 1800 et finalement mis au point en 1834 par Aristide Cavalle.

Jusqu’à la fin du XVIII° siècle, le sciage du placage se fait à la presse. Les apprentis ou compagnons passaient leurs journées à scier.
Une espèce de concours inter atelier consistait à faire le plus de feuilles dans un pouce de bois. Ce jeu permis d’améliorer à la fois la qualité des scies, de l’affutage ainsi que l’adresse des ouvriers.

 

En 1799, un menuisier d’Auxerre (Yonne), nommé Cochot invente la scie au  » bois montant « . Cette machine à la fois ingénieuse et précise permettait de débiter des plateaux, des feuillets et surtout du placage.

Grâce à son système de débit d’une grume verticale montante et par une lame alternative horizontale et d’une tenue en tension de la lame dans son cadre, ainsi que des progrès réalisés dans la fabrication des aciers, cette machine fut la première qui permit d’abandonner le sciage manuel des placages qui jusque-là s’effectuait à l’aide d’une scie à presse.

La généralisation et l’amélioration de la scie au bois montant permettent de réduire de beaucoup l’épaisseur de sciage des placages. On passa de 3 ou 4 m/m à 1,5 m/m, L’amélioration de la qualité des lames et le doigté des scieurs fit qu’aux environs de 1860, il était courant de faire 20 feuilles d’acajou dans un massif de un pouce d’épaisseur ; les placages faisaient à peine 6/10 de m/m d’épaisseur.

En 1807, un anglais, Newbury met au point la scie à ruban.

Vers 1825, on mentionne l’installation d’une machine à trancher le bois à Pont de Claix dans l’Isère. Le peu de documents existants laisse croire que son utilisation resta très marginale.

En 1835, un facteur de pianos du nom de Faveryer met au point une machine permettant de dérouler du placage en continu.
En 1860 Garand perfectionne le système du déroulage et met au point une machine d’une incontestable modernité. C’est dans le brevet de cette invention que pour la première fois on parle de faire bouillir le bois avant de le travailler pour l’assouplir. Le principe est celui du taille crayon et permet de produire des feuilles de plusieurs dizaines de mètre de long et dont la largeur correspond à la longueur de la bille.

Concernant l’effet du tranchage, l’étuvage ouvre les pores du bois et lave les couleurs qu’il contient, ce qui fait que le placage a un aspect et une couleur très différente de ce qu’on obtient par le sciage: il est lavé. A ce stade il faut remettre des pigments pour retrouver la densité des tons naturels !

De plus le tranchage fabrique une porosité supplémentaire du au couteau agissant comme un coin, la fibre s’arrachant devant le tranchant qui fait que la colle migre vers la surface et risque de laisser des traces lors de la finition. On dit qu’il est défibré.

Aujourd’hui, un bon restaurateur n’utilise pas le placage tranché sur du mobilier XVIII°. Le résultat final en matière de finition dépend de la qualité des matériaux employés: placage, colle, ponçage, vernis gomme-laque.

Textes de:
Patrick j. Georges. Les fils de J.Georges – 93170 BAGNOLET
Mme Lévy-Coblentz
Atelier Wagner & Chavanis