L’Estampille

Historique de l’estampille

1467. Les Menuisiers ébénistes ont des statuts qui les séparent des tapissiers. On leurs demande de marquer leurs ouvrages.

1437. A la suite d’un procès qui opposa les uns aux autres, l’obligation est faîte pour chaque Maître de « marquer de sa marque particulière » tous leurs ouvrages. Cette obligation doit permettre une meilleure application des statuts. De nombreux conflits subsistent.
Le 5 décembre 1637, le Parlement de Paris rend un arrêt qui : « Ordonne que chascun maistre menuisier seroit tenu de marquer de sa marque particulier tous ouvrages… ainsy que les postiers d’estain… et inserer ladite marque en une table de plomb qui restera dans la chambre du substitut de nostre Procureur Général du Chastellet »
Cette sentence fut rendue dans un procès qui opposait les maîtres-menuisier et les maîtres-tapissiers parisiens. Si les premiers avaient le monopole de la fabrication des meubles, ils ne possédaient pas celui de leur commercialisation, laquelle était assurée en partie par les seconds.

C’est pour lutter contre les abus que le Parlement de Paris rendit le jugement cité plus haut en 1637, obligeant les tapissiers à ne vendre que des meubles marqués, provenant exclusivement des maîtres-menuisiers. Il n’apparaît pas, néanmoins, que ce jugement ait été suivi d’effet, ou du moins que des témoignages nous en soient parvenus.
Il semble donc que l’origine de l’estampille doit être recherchée dans la volonté des maîtres-ébénistes tout à la fois de personnaliser leurs produits, et de mieux faire respecter leurs droits dont le monopole de fabrication, et les règles de la corporation tant au niveau du devoir des maîtres qu’à celui de la répression des malfaçons.
De plus, l’apposition de la marque était un moyen rudimentaire de publicité, par conséquent de développement. L’estampille était susceptible de permettre au détenteur d’un meuble marqué d’en retrouver le fabricant, et de s’adresser à lui en supprimant éventuellement le truchement des intermédiaires.

LES PREMIERES ESTAMPILLES:

L’habitude d’estampiller se répand à la fin de la Régence. Les dates de décès de Nicolas Sageot, le 8 janvier 1731, et d’Etienne Doirat, le 26 juin 1732 , nous en apportent la preuve formelle. Il est évident que d’autres ébénistes signèrent également dès cette époque leur production en tout ou en partie : Pierre 1. Migeon, Carel ou Mathieu Criaerd par exemple.

Cette période vit, de la même manière, naître les estampilles abréviatives telles que LSP pour Louis-Simon Painsun (mort avant 1748) (9), I.D.F. pour Jean-David Fortanier (ou Fortunios), F-L- pour François Lieutaud (mort avant 1749) et celles de B.V.R.B. pour Bernard II Van Risamburgh (le père, Bernard II, ne fabriquait que des caisses d’horloges et ne semblait pas signer sa production.

En revanche, le poinçon de contrôle J-M-E- (Jurande des Maîtres Ébénistes) ne se rencontre sur aucun ouvrage de cette période, et paraît être une conséquence des nouveaux statuts de 1743.

1743. Constitution de la Jurande. Cresson, Tilliard, Foliot, estampillaient avant 1743. De nouveaux statuts (106) confirment l’obligation d’estampiller: article XXXVI « Chaque maître sera obligé d’avoir sa marque particulière & la Communauté la sienne, les empreintes desquelles marques seront déposées au Bureau sur une nape de plomb qui y sera à cet effet & ne pourront lesdits Maîtres délivrer aucun ouvrage, excepté ceux des bâtiments qui n’en sont pas susceptibles, qu’ils ne les ayent préalablement marqués de leur marque, à peine de confiscation & de 20 liv. d’amende par pièce d’ouvrage non marquée, applicable comme ci~devant; ceux qui se trouveraient avoir contrefaits la marque d’un Maître, outre l’amende de 300 liv. seront poursuivis extraordinairement, ainsi que ceux qui sciemment y auraient prêté leur ministère. « 

1751. Le 20 août enregistrement au parlement de la constitution de la Jurande. « La cour ordonne que lesdites lettres patentes seront enrégistrées… conformément néanmoins aux charges, clauses et conditions portées par lesdits arrêts de la Cour des 12 juillet 1745, 20 janvier 1749 et 21 mai 1751…« 

La Jurande est la communauté des Menuisiers Ebénistes (JME.) Elle est composée d’un principal ou syndic et de six jurés.

Le rôle de la jurande consistait à régler les affaires courantes, choisir et vérifier les chefs-d’œuvre de maîtrise, surveiller la qualité de fabrication des ateliers parisiens et pourchasser les ouvriers libres.

Les statuts de la jurande ont été établis en 1743 et enregistrés au parlement en 1751. A partir de cette date, il y a séparation entre le menuisier et le sculpteur. Ce dernier retrouve toutes ces prérogatives. A partir de 1743, les jurés faisaient quatre fois par ans le tour de tous les ateliers et appliquaient le poinçon de la jurande sur les ouvrages correspondants aux critères qu’ils avaient définis. Ils percevaient une taxe de 10 sols et confisquaient la marchandise défectueuse. La marque était déposée au bureau de la jurande sur une masse de plomb. (Paris). En province, cela ne concerne que des gros centres de fabrication (Lyon par exemple) avec règlements locaux.

Les tapissiers qui se fournissaient chez des ouvriers libres frappaient avec de fausses estampilles. La contrefaçon était sanctionnée par des amendes et des poursuites pénale.

Fausse estampille de Tillard.

Les estampilles peuvent être de plusieurs dimensions et plusieurs natures.

Elles peuvent se présenter comme suit.

– Sans initiale
– Une initiale
– Avec deux initiales
– Avec des fleurs de lys
– Encadrées
– Circulaires
– Sur deux lignes

Avec nomination de lieu:
Nogaret à Lyon.

– Manuscrite à l’encre ou sur étiquette à l’intérieur des
traverses de ceinture:

– Sur les montants du dossier, à l’arrière.
– Sous la traverse arrière du siège.

( vue par dessous avec le fauteuil renversé)
barre siège

– Sur la traverse de renfort de l’assise
(invisible une fois le siège garni)
cannage

– Sur la traverse arrière de châssis canné.
traverse arrière

– Sur le parement de la traverse arrière

L’estampille se trouve généralement :

Sur un ensemble de sièges, certains seulement peuvent porter la marque du menuisier, celui-ci considérant qu’après le passage de la Jurande l’ensemble des sièges étaient de qualité, ou bien il fabriquait d’autres sièges par la suite pour satisfaire le client.

– Estampilles multiples.

Si le menuisier faisait une mauvaise frappe, il renouvelait sa marque au même endroit ou juste à côté. Il pouvait aussi, pour attirer l’attention du doreur, répéter sa frappe à plusieurs endroits.

– Estampilles différentes

Intervention de deux menuisiers: un qui fabrique et l’autre qui vend: menuisier marchand.

L’idée reçue qui consiste à penser que le restaurateur qui intervenait sur un siège apposait son fer est à proscrire. Aucun règlement ne le stipulait et cela n’était pas l’usage. La seule exception connue est celle des ébénistes modifiant et restaurant des meubles.

La suppression de l’estampille apparaît avec la suppression de la jurande en 1789/90. Certains menuisiers en perpétuent l’usage.

Sous le directoire, (1795 – 1799) certains menuisiers ré estampillèrent leurs travaux.

En dehors de l’estampille, on trouve des marques faîtes au pochoir et à l’encre.

Elles sont les initiales de châteaux avec ou sans numéros d’inventaire.
Meuble de la couronne :
F: Fontainebleau.
R: Rambouillet.
Th: les Tuileries etc.